Stéphane Arnaud

Originaire d’Alès dans les Cévennes, rien ne prédestinait Stéphane Arnaud à parcourir le globe. Après une année de classe prépa scientifique à Nîmes, il intègre le campus de Blois de l’INSA Centre Val de Loire en 1994. "L’école s’appelait encore l’EIVL, se souvient-il. J’étais dans la seconde promo. Nous occupions certains locaux d’une grande école de commerce. Puis nous avons intégré les nouveaux locaux qui pour l’époque, avait de très bons laboratoires, notamment sur l’analyse de la résistance des matériaux."

La fin des années 1990 est alors propice à l’envol des séjours Erasmus. Conquis, Stéphane part en 1997 pour l'Université polytechnique de Madrid en Espagne. Avant de donner un tour marketing à sa formation généraliste d’ingénieur. "En cinquième et dernière année, j’ai choisi de me spécialiser en commerce, confirme ce diplômé de la promo 1999. Cela m’a permis de sortir de l’école avec une double casquette d’ingénieur-négociateur de produits industriels."

C’est au sein de la Compagnie Nationale des Eaux du Mozambique, filiale de Bouygues, que Stéphane entame le début des années 2000. Recruté en tant que coopérant du service national pour une durée de 20 mois, il se nourrit de chaque expérience. "Achat, vente, logistique, j’ai énormément appris. Mais j’ai rapidement été lassé de négocier des kilomètres de tuyaux avec mes fournisseurs nationaux pour le bénéfice d’un grand patron français. Je n’étais pas à l’aise avec ça. Par contre, c’est là que j’ai découvert pour la première fois le travail des organisations humanitaires sur le terrain. Cela m’a ouvert les yeux. Je me suis dit : c’est ce que je veux faire."

De Danané à Copenhague

Ce déclic pousse le Cévenol à rejoindre Mouvement pour la Paix le Désarmement et la Liberté en juin 2002 à Danané, ville située à la frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire. Neuf mois plus tard, il prend alors la direction de Yangon, la plus grande ville du Myanmar (ex-Birmanie), pour œuvrer pour Action contre la Faim. "On travaillait avec la communauté des Rohingya, minorité musulmane qui a fini par fuir vers le Bangladesh des années plus tard. Là encore, j’ai beaucoup appris."

Après deux nouveaux défis comme consultant pour Handicap International en Angola puis l’OMS au Soudan, il saisit l’opportunité de rejoindre l’UNICEF en mars 2006. Basé à Luanda en Angola pendant plus de deux ans, il assure des missions de soutien logistique en lien avec les interventions d’urgence comme le choléra. "C’est un moment important de ma carrière car j’ai pris de plus en plus de responsabilités stratégiques. J’ai ensuite passé cinq années à Niamey au Niger. On m’a envoyé dans le même temps en Haïti et au Pakistan pour coordonner la logistique d’urgence suite à des inondations et des tremblements de terre."

Le grand saut, c’est véritablement vers le Danemark et sa capitale Copenhague que Stéphane va l’effectuer. Sur place, il rejoint à l’été 2013 le Centre mondial d'approvisionnement et de logistique de l'UNICEF. Pendant un peu plus de six ans, il va coordonner l’ensemble des approvisionnements et de la logistique des interventions d’urgence de l’organisation. "J’étais dans le plus grand magasin humanitaire au monde. En venant au siège, j’avais un peu peur de lâcher le terrain. Mais j’ai finalement beaucoup voyagé. J’ai parcouru une quarantaine de pays tels que le Venezuela, l'Équateur, l’Indonésie, le Soudan du Sud, la République Democratique du Congo, mais aussi le Bangladesh où j’ai retrouvé les Rohingya."

Supply chain depuis Istanbul

Après un nouveau poste de Chef approvisionnement & logistique pendant trois ans à Addis Abeba en Ethiopie, il est nommé chef régional de l'approvisionnement et de la logistique pour UNICEF Europe et Asie centrale. Basé à Istanbul depuis janvier 2023, il supporte les bureaux UNICEF de la région dans leurs réponses aux nouveaux défis d’approvisionnement logistique. "Avec la guerre en Ukraine, on fait face à beaucoup de mouvements de population. Il y a aussi quelques conflits dont on n’entend jamais parler, comme en Géorgie ou en Azerbaïdjan. On intervient sur la santé, les campagnes de vaccination, la nutrition. Je suis davantage dans le conseil que sur le terrain, avec tout une équipe à coordonner."

Aujourd’hui très expérimenté, il n’oublie pas pour autant ses années INSA. "Même si j’ai pris cette trajectoire qui m’appartient, l’école m’a apporté une certaine méthodologie d’analyse de situation, une capacité de prise de décision et un savoir-être pour les travaux en groupe qui ont fait la différence dans ma carrière. Des cours comme la mécanique des fluides avec le Professeur Carroll étaient passionnants. Ce sont des études qui ouvrent l’esprit. Et puis j’ai toujours aimé l’entraide. C’est peut-être pour ça que j’ai opté pour l’humanitaire."

Portrait publié en octobre 2023