C’est l’histoire d’une petite fille curieuse, capable de passer des heures à étudier le fonctionnement d’un ouvre-boîte. Amélie Béduer nourrit depuis l’enfance une passion pour les sciences et techniques et plus particulièrement pour les inventions pensées pour être au service de l’humain. Un temps tentée par les études de médecine, elle décide finalement de s’orienter, après son baccalauréat scientifique, vers une école d’ingénieurs. Attirée par les sciences physiques, elle choisit l’INSA Toulouse et son département Génie physique.
Durant son cursus, elle se spécialise en nanotechnologies et devient une habituée des paillasses de laboratoire. “Ma formation était très fondamentale, se souvient-elle. Pour autant, avec le recul, je m’aperçois que durant mon cursus d’ingénieurs, j’ai développé également une forte capacité à être dans le concret, à m’adapter aux problématiques de terrain. Ce fut sans conteste un atout pour la suite de mon parcours”.
En 2009, elle décroche son diplôme d’ingénieurs et grâce à une bourse locale, peut entamer un doctorat au sein du LAAS-CNRS (Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes), à Toulouse. “Ces trois années de thèse ont été parmi les meilleures années de ma vie, se remémore Amélie Béduer. Nous avions une grande liberté de création, nous pouvions proposer nos propres hypothèses, dans un environnement exigeant mais très formateur”.
Post-doctorat à l’EPFL
En 2012, elle devient docteure, auréolée d’une bourse prestigieuse obtenue l’année précédente, la bourse Pour les Femmes et la Science, attribuée par L’Oréal, l’Unesco et l’Académie des Sciences. Son doctorat et son prix sous le bras, Amélie Béduer part aux États-Unis et en Europe, visiter des laboratoires de recherche pour trouver son port d’attache et décrocher un post-doctorat. C’est en Suisse, dans un laboratoire de l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne) qu’elle s’installe. “La vie est faite de belles rencontres, souvent déterminantes”, raconte la chercheuse. Outre-Léman, elle fait la connaissance du professeur Philippe Renaud, qui l’accompagne dans ses travaux : la jeune femme essaie de comprendre comment des matériaux micro-fabriqués peuvent permettre au corps humain de se “réparer”. Elle vise plus particulièrement le cerveau, touché à la suite d’un AVC (accident vasculaire cérébral).
Du labo à la start-up
En 2016, alors qu’elle présente ses travaux devant un parterre de chercheuses et chercheuses, Amélie Béduer rencontre des chirurgiens plastiques. “Ils sont venus me voir et m’ont dit : nous pensons que vous avez de l’or entre vos mains et que vous n’êtes pas au courant”, raconte-t-elle en souriant. “C’est à ce moment-là que la deuxième partie de ma carrière a commencé !”.
Les chirurgiens racontent comment, au quotidien, ils doivent réparer le corps de patientes qui ont subi une ablation d’un sein suite à un cancer. Comment les techniques actuelles, à base de prothèses, sont peu satisfaisantes. Comment, enfin, ces patientes souffrent très souvent d’une qualité de vie dégradée. “Rien, dans l’arsenal thérapeutique, permet de réparer les tissus eux-mêmes”, résume la scientifique. Son objectif va désormais être de combler ce manque.
Avec deux collègues, dont Philippe Renaud, Amélie Béduer entame un périple et part à la rencontre de médecins spécialisés et de patientes pour revoir le projet initial - qui s’intéressait au cerveau - et l’adapter à ce nouveau besoin. Ensemble, en 2018, ils créent une start-up, Volumina Medical et débutent très vite des études de faisabilité. Depuis 2022, une nouvelle étape est franchie avec le début des études cliniques. Amélie Béduer le sait, le chemin est encore long. Mais l’enjeu est de taille. “J’ai trouvé, au fil de mon parcours, la façon dont je pouvais être utile sur cette planète. Ma voie, c’est inventer et développer des implants pour aider les patientes”, résume-t-elle. D’ici à quatre ans, un bio-matériau permettant de reconstruire les tissus du corps pourrait être mis sur le marché.
Le site web du Groupe INSA recense toutes les spécialités proposées par chaque école du Groupe INSA. Au total, ce sont plus de 80 spécialités réparties dans sept grands domaines disciplinaires.