
Expatrié au Japon sans vraiment l’avoir prévu au début de ses études d’ingénieur, Hugo Lemarchant rencontre son projet de rêve au détour d'un festival de la bière belge à Osaka. “Kouun-Ryusui”, comme on dit en japonais. Autrement dit : "Qui vivra verra". "Rencontrer des gens de tous horizons ouvre la porte aux opportunités les plus inespérées et improbables", confie-t-il.
Tenté très jeune par la recherche en physique fondamentale, Hugo préfère s’orienter vers des études d’ingénieurs en informatique, dans l’idée de se tourner vers la recherche un peu plus tard. Il rejoint ainsi l’INSA Centre Val de Loire en 2015, après son baccalauréat.
"L’environnement d’une prépa classique ne m’enchantait pas trop, la formation en cinq ans proposée par l’INSA était donc idéale, raconte le jeune homme. Les études m’ont tout de suite plu, avec des travaux en groupe favorisés et un environnement sain qui promeut plus la coopération que la compétition."
Semestres à Montréal et Barcelone
En s’orientant vers la sécurité informatique en troisième année, Hugo file à l’automne 2018 au Canada pour suivre un semestre académique à l’ETS Montréal en axant ses cours sur les technologies et les sciences de l'intelligence artificielle. "J'ai suivi des cours d'apprentissage automatique et d'apprentissage profond, de calcul haute performance et de sécurité."
Quelques mois plus tard, il enchaîne avec un stage en Espagne dans un laboratoire de l’Université de Barcelone pour se former dans les domaines de l'intelligence artificielle et de la recherche en vision par deep learning. "C’était très instructif : c’est à partir de ce moment-là que je me suis rendu compte des difficultés du monde de la recherche, un univers assez solitaire avec peu d'interaction avec les équipes de développement."
Direction le Japon
Bien parti sur sa lancée, Hugo subit les aléas de l'actualité : la crise sanitaire va contrarier ses plans. D’abord pris en stage au printemps 2020 chez General Electrics Healthcare dans l’Ouest parisien, il y réalise des travaux en intelligence artificielle à destination de services médicaux révolutionnaires. Hugo parle même avec son maître de stage d'opportunités pour un futur contrat de thèse industrielle. Confinement après confinement, tout tombe à l’eau.
Alors sans promesse d’embauche, Hugo se tourne vers le réseau INSA. Après un entretien avec un chercheur en informatique appliqué au médical de l’INRIA, il obtient une proposition de stage de six mois à l'Université d'Osaka au Japon au sein de l’Institute for Datability Science (aujourd'hui Intelligence and Sensing Laboratory), avec la possibilité de poursuivre en doctorat. Bingo. "Cela m’a permis de faire un stage dont le sujet principal était l’IA, appliquée à l'histoire de l'art et à la reconnaissance faciale."
Machine learning
Doctorant depuis mars 2021 à l'Université d'Osaka dans le domaine de la vision par ordinateur et du deep learning, Hugo poursuit sa thèse pour laquelle il a pu remettre sa casquette de sécurité informatique. "Un retour aux sources avec ma formation initiale à l’INSA." Sur place, il rencontre en 2023 un chercheur français qui œuvre en physique fondamentale, son rêve d’enfance.
"Nous avons monté un projet qui inclut du machine learning et de la sécurité, se réjouit-il. Mes derniers projets de recherche sont centrés sur l’IA appliquée à la physique des ondes gravitationnelles, la mesure des perturbations. Notre projet est de détecter les signes avant-coureurs de fusions d'étoiles à neutrons pour transmettre les positions à des observatoires d’ondes électromagnétiques."
Après quatre ans au Japon, Hugo s’approche de la fin d’une expérience aussi riche sur le plan professionnel que personnel. Il recommande la destination Japon même s’il admet qu’il est assez difficile de se faire accepter. "Devenir chercheur au Japon est aussi difficile qu'ailleurs, cependant, devenir professeur et envisager une carrière à responsabilité est bien plus difficile. Là-bas, l'ancienneté est le premier critère de promotion, et informellement, la connaissance de la politique de l'université nippone en est un autre. À ce jeu-là, seul un Japonais a une chance de faire valoir son cas, à moins que vous vous engagiez dans une carrière complète ici."
Pour la suite, il ne s’interdit rien. Que ce soit un retour en Europe ou un autre continent. La France reste dans son cœur, mais la Suisse et les États-Unis sont d’autres pays hôtes en matière d’expériences en ondes gravitationnelles. "Comme pour mon arrivée au Japon, je reste ouvert aux opportunités de la vie", conclut celui qui soutiendra sa thèse en mars 2025.
Portrait publié en octobre 2024
Le site web du Groupe INSA recense toutes les spécialités proposées par chaque école du Groupe INSA. Au total, ce sont plus de 80 spécialités réparties dans sept grands domaines disciplinaires.