Ingénieur INSA Lyon Constructions Civiles 1962, Jean-Claude Cubaud a un parcours des plus enrichissants et honorifiques. Promu au grade d’Officier de la Légion d’Honneur par décret du Président de la République le 18 avril 2014, il est aussi chevalier de l’Ordre National du Mérite et Officier dans l’Ordre des Palmes Académiques.
Pouvez-vous nous parler de votre histoire avec l’INSA ?
En 1958, j’apprends avec mes camarades de lycée, à Poitiers, qu’une nouvelle école d’ingénieurs est créée à Lyon avec une prépa intégrée. On décide de se lancer tous les 5 dans l’aventure et on ne l’a pas regretté !
Je voulais être ingénieur en génie civil, j’aimais déjà les constructions, les ouvrages d’art, les ponts… Je choisis en 2e année le tronc commun Mécanique et Constructions Civiles, qui devient ma spécialité ensuite. Je sors premier de ma promotion et on me propose un poste d’assistant pour créer un laboratoire dans le domaine du béton et des structures. A l’époque (1962), l’INSA n’avait pas achevé ses constructions. Je travaille à la création du bâtiment Génie Civil, de la dalle d’essai, de l’amphi…
Les travaux pratiques s’installent au fur et à mesure des dotations.
Parallèlement, je m’inscris en thèse sous la direction du professeur Charles Eyraud sur les problèmes d’hydratation du ciment et la corrosion du béton armé. Je soutiens ce doctorat ès Sciences en 1967. Le laboratoire grandit chaque année avec l’arrivée de jeunes collègues ce qui nous permet de travailler en recherche appliquée aussi bien pour le métro lyonnais, le tunnel sous Fourvière ou les centrales nucléaires et avec de nombreux industriels.
Nous effectuons le passage de la scolarité à 5 ans, je deviens Maître de Conférences puis Professeur des Universités. Responsable du département GCU, j’assure même quelques mois la direction de l’INSA à la demande du recteur Capelle. Trois ans plus tard, je suis nommé à la direction de l’INSA de Rennes tout en gardant la responsabilité scientifique des équipes du Génie Civil Lyonnais.
En 1981, le ministère s’interroge sur la relation entre les écoles d’ingénieur et les universités et je milite fortement pour garantir l’autonomie des premières, à condition, bien sûr, que toutes les écoles fassent de la recherche, ce qui n’était pas évident à l’époque. On y a tous gagné, même les universités ont pu développer des cursus d’ingénieur. Je poursuis cet engagement après 1982, directement au Ministère à Paris, comme Conseiller à la Direction de la Recherche et à la Direction des Enseignements Supérieurs. Je fais un peu de cabinet ministériel ce qui me vaut de porter notamment le projet de l’INSA de Rouen.
Quel est votre regard sur la formation proposée par l’INSA ?
Je reste complètement persuadé du bienfondé du modèle du Recteur Capelle. Les jeunes qui souhaitent une formation d’ingénieur doivent bien sûr avoir eu d’excellentes notes dans le secondaire mais il faut qu’ils puissent entrer dans un parcours en quelque sorte sécurisé. S’ils travaillent normalement, ils seront reçus et ils ont tout le Premier Cycle pour réfléchir au département d’application qu’ils choisiront facilement. C’est presque sans stress !
La formation INSA a été très innovante : les enseignements de sociologie, de langues, l’EPS obligatoire, la période de ski, le stage obligatoire de fin de première année étaient à la création complètement originaux en France. L’ouverture des parcours avec sports-études, musique-études (etc..) sont également remarquables.
L’ouverture à l’international avec les échanges d’étudiants et l’accueil de professeurs étrangers ont été également très importants pour le renom de l’école. C’est d’ailleurs cette crédibilité de l’INSA qui m’a permis de faire de très nombreuses missions en Afrique et en Asie ; j’ai même fait le projet, réalisé depuis, de la création de l’Université du Pacifique Sud avec la Nouvelle Calédonie et la Polynésie Française.
Expert scientifique, Inspecteur Général de l’Education Nationale après avoir été recteur, auteur de deux brevets et d’une soixantaine de publication, vous avez aussi une vie politique des plus soutenues. Vous venez de quitter votre fauteuil de Maire de l’Isle-Jourdain après 4 mandats successifs. Que faites-vous aujourd’hui ?
J’ai repris depuis quelques années déjà la maison familiale dans ma petite ville natale, l’Isle Jourdain. Il faut dire que Maire pour un Génie Civil, c’est un vrai bonheur comme terrain d’application ! Maintenant, je vais commencer à penser faire une pause. Je suis toujours Conseiller Général (je me suis occupé des collèges et bien sûr des routes !) et je vais siéger au conseil municipal. Je souhaite écrire, prendre du temps, peut-être répondre positivement au monde associatif pour la promotion de nos enseignements scientifiques et techniques et le rapprochement écoles-entreprises. Enfin, voir mieux ma famille, mes filles et mes fils, l'un est diplômé INSA Lyon et travaille à Paris et l'autre est architecte… à Lyon.