Originaire de Nice puis bachelière à Roubaix, c’est à Rennes que Selene Tonon dépose ses valises en 2005 pour intégrer l’INSA. Une ville qu’elle n’a plus jamais quittée depuis l’obtention de son diplôme d’ingénieure en développement logiciel en 2011. Malgré les peines et les doutes.
Pourtant enchantée par la ville de Rennes dont elle loue "la bonne ambiance générale", elle vit un début de carrière très difficile. "Rien que le mot industrie me terrifiait, si bien que je me posais des questions sur mon orientation, raconte-t-elle. J’étais davantage portée vers l’humain et la pédagogie et la perspective de coder toute la journée ne m’intéressait pas du tout."
Discriminations
Soutenue par le département informatique de l’INSA, elle tient bon et finit par réaliser son projet de fin d’études dans une entreprise d’informatique hospitalière. "Je n’aimais toujours pas le côté rébarbatif des tâches techniques mais j’évoluais dans un environnement qui sauvait des vies, ce qui avait davantage de sens pour moi."
Embauchée à l’issue de son stage pour des missions dédiées à la sécurité informatique, elle y restera jusqu’en 2014, année durant laquelle elle entame sa transition d’homme à femme. "La situation s’est dégradée, raconte-t-elle. Quelques collègues pourrissaient l’ambiance. Stéréotypes, blagues homophobes, harcèlement et j’en passe. Ce n’était pas envisageable pour moi de rester dans ce contexte."
Alors au chômage, elle décide de s’engager contre les discriminations. Du bénévolat à plein temps qui la voit présider le Centre LGBTI+ de Rennes de 2015 en 2017. "Malgré l’absence d’horizons à ce moment-là, ce militantisme m’a nourrie pleinement." Outre l’animation du blog Wakening Princess qui a eu son petit succès sur le sujet de la transidentité, sa passion pour les jeux de rôles et les jeux vidéo lui permet de décrocher un poste de conceptrice de jeux. Jusqu’au jour où elle réalise deux jours d’intervention dans une école de journalisme. Le déclic. "J’ai adoré être confrontée à des jeunes. Je me suis dit, c’est ça qu’il me faut."
Programmation
Signe du destin, elle tombe quelques jours plus tard sur une offre d’emploi de l’ETPA, une école de game design à Rennes. Très solide sur le développement logiciel, Selene comprend vite qu’elle a toutes ses chances pour enseigner la programmation à des élèves de première année. Nous sommes en septembre 2019. "Enseigner mon premier métier à des gens qui veulent faire mon second métier, c’est super, se réjouit-elle. Cela a réconcilié tous les aspects de ma vie dans un cadre de travail très acceptant où le responsable m’a fait comprendre dès le départ qu’on me protègerait toujours."
Plus que jamais épanouie après un léger temps d’adaptation, elle utilise à merveille son bagage INSA au service de sa passion. Sans oublier son engagement pour la justice sociale. Depuis le printemps 2020, la militante a fait son entrée au conseil municipal de la ville de Rennes en tant qu’élue chargée des musées et des lectures publiques. Une double casquette qu’elle assume pleinement.
À la fois déterminée et apaisée, elle compte utiliser son mandat pour sortir les cultures ludiques des marges. Le tout après avoir porté la mise en place de la gratuité dans les bibliothèques et les musées. Une manière aussi, pour elle, d’abattre les barrières symboliques dans les services publics. Question de programmation.
Portrait publié en décembre 2022
Proposée par Marie-Elise GAUDICHE, diplômée de l'école, la série de podcasts "Trajectoires inédites" part à la rencontre d'alumni de l'INSA Rennes, pour une conversation à bâton rompu. Le portrait que vous venez de lire est tiré de l'épisode dédié à Selene Tonon, paru en 2021.
Le site web du Groupe INSA recense toutes les spécialités proposées par chaque école du Groupe INSA. Au total, ce sont plus de 80 spécialités réparties dans sept grands domaines disciplinaires.