Diplômé de l’INSA Rouen Normandie en 2008, Simon Doreille a toujours aimé "comprendre comment les choses marchent", confie-t-il. Originaire de Bordeaux, cet ancien joueur de hockey sur glace a naturellement choisi des études d’ingénieur. Spécialisé en énergétique et propulsion, il réalise son semestre de fin d’études à l’Université fédérale de Santa Catarina au Brésil, dans le cadre du programme BRAFITEC.
Son premier saut dans le marché de l’emploi, il l’effectue chez Chappée au Blanc Mesnil en région parisienne, en tant que chef de projet dans la conception de chaudières gaz et solaires. "C’était très intéressant d’un point de vue technique mais je me suis senti sur les rails et cela m’a fait peur, se souvient-il. Je souhaitais donner une autre finalité à mon investissement professionnel, voir du pays et faire quelque chose d’utile."
Du Pakistan à Haïti
Du jour au lendemain, ou presque, il décide de se lancer dans l’humanitaire. Nous sommes en janvier 2011. Simon est embauché chez l’ONG ACTED comme coordinateur de zone au Pakistan. La province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le Nord-Ouest du pays, est alors touchée par d’importantes pluies de mousson et le fleuve Indus déborde. Les inondations affectent près de 20 millions de personnes, détruisant 1,6 million d’habitations et laissant plus de 14 millions de Pakistanais dans une situation d’extrême vulnérabilité.
"Je suis arrivé au cœur d’une immense crise sans avoir de bagage humanitaire, résume Simon. Mais le fait d’avoir eu une formation technique et d’avoir connu des expériences dans l’industrie m’a permis d’être opérationnel assez vite. Au final, cela reste un poste de chef de projet très similaire au monde industriel, avec les mêmes réflexes. Il y a un planning, une équipe, un budget et un cahier des charges à respecter. Seuls la finalité et le contexte changent."
Porté par son envie d’aventures aux quatre coins du globe, il rejoint la Jordanie en juillet 2012, une nouvelle fois comme coordinateur de zone pour ACTED, avant de réaliser une courte mission l’été suivant au Liban pour la Croix Rouge Française. "Nous étions au début de la crise syrienne. Avec la Croix-Rouge Libanaise nous avons sillonné les camps informels de réfugiés Syriens dans la région de la Bekaa. L’objectif était de comprendre les besoins prioritaires de ces gens et leur apporter un soutien adapté."
C’est ensuite chez Action contre la Faim que Simon poursuit son engagement. Après une mission en 2013 en Haïti où il se retrouve au cœur d’une stratégie coordonnée de lutte contre le choléra visant à casser les chaînes de transmission, il rejoint, non sans appréhension, l’Afghanistan comme conseiller technique aux projets eau, assainissement et hygiène.
Manager aguerri
Dès 2015, Simon va ensuite enchaîner les missions de gestion des risques de catastrophes pour la Croix-Rouge française. D’abord aux Iles Salomon pendant près de deux ans au côté d’habitants exposés à des inondations, cyclones, tsunamis et autres tremblements de terre. Puis au Somaliland pour endiguer une nouvelle épidémie de choléra.
Après une parenthèse de huit mois au Bangladesh, une expérience éreintante au côté des réfugiés rohingyas, il s’installe au Liban en 2018 pour occuper un poste de référent technique régional pour la Croix-Rouge française, en appui des personnels du Croissant-Rouge irakien et syrien, et de la Croix-Rouge libanaise dans leur projets d’eau, assainissement et hygiène. Les financements et les activités diminuant, il est parti en mars dernier ouvrir la mission d’Action Contre la Faim en Roumanie pour soutenir les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine.
Toujours impliqué comme volontaire au sein de la Croix-Rouge française, Simon est installé à Beyrouth. Il prend le temps de profiter de la naissance de sa fille Lila. Il ne veut pas se précipiter. "Cela fait maintenant onze ans que je fais de l’humanitaire. J’ai vécu des choses intenses. C’est déstabilisant de créer des liens forts assez éphémères. Il faut à chaque fois repartir de zéro. Mais je me sens poursuivre dans cette voie."
Bien aguerri, il vise un poste à responsabilités dans le management d’ici le début d’année 2023. Lui et les siens ont de fortes chances de s’envoler vers le continent africain.
Portrait publié en janvier 2023