Ingénieur fraichement diplômé, vous venez de créer une start-up avec deux autres personnes. Qu’est-ce que Le Biome ?
Le Biome est le premier Fablab dédié au biomimétisme en France et en Europe. Le Biomimétisme, ou bio-inspiration, c’est une approche consistant à étudier la nature sous toutes ses formes, animaux, plantes, microorganismes, écosystèmes, et à en tirer des développements technologiques: on s'en inspire alors afin de concevoir des matériaux, des procédés, ou des stratégies novateurs au service de l'humain, moins polluants, moins consommateurs d'énergie, recyclables, plus sûrs, de meilleure qualité et à moindre coûts. On met ensuite à profit l’aspect communautaire et participatif du Fablab pour permettre à tout un chacun, grand groupe, PME, particuliers, de venir découvrir le biomimétisme, puis de prototyper et créer des nouvelles technologies innovantes avec nous en s’inspirant du génie de la biodiversité. On est sur de bons rails, déjà deux prix à notre actif ! Par exemple, un de nos travaux consiste à s’inspirer du design de l’exosquelette du scorpion, très résistant à la chaleur et vivant dans des milieux naturels très arides, pour imaginer des abris à haute performance énergétique et environnementale pour les réfugiés dans les zones arides, sans impact sur la biosphère.
Autre application : créer des vêtements pour pompiers plus légers et mieux résistants au feu. Le biomimétisme se développe très vite et est très séduisant, en ce sens qu’il amène à considérer la nature, non pas comme une source de matières premières, ce qui a amené les problèmes environnementaux d’aujourd’hui, mais plutôt comme une source de connaissance, qui elle est infinie !
La nature a déjà résolu beaucoup de problèmes que la société se pose aujourd’hui, et surtout elle le fait beaucoup mieux que nous. Un exemple : la moule, à qui on associe souvent un QI limité, produit la meilleure colle du monde, bien mieux que les super glues de la NASA, et qui est en plus non polluante, et fabriquée sans produits chimiques. Allons donc chercher dans la biodiversité, avec humilité, des renseignements, et en utilisant les neurones de notre espèce, pour trouver des solutions pour un monde soutenable. Aujourd’hui le biomimétisme s’applique surtout dans les sciences mais il gagne à s’étendre à tous les secteurs de nos sociétés. C’est cela que l’on cherche à mettre en avant au Biome : découvrez les supers pouvoirs de la nature, piratez-les, inspirez-vous en et construisez-vous même les solutions durables d’aujourd’hui et de demain.
Ingénieur INSA Lyon diplômé en Génie Mécanique Développement, comment êtes-vous venu à ce domaine ?
Originaire de Quimper, j’avais intégré l’INSA de Rennes en Premier Cycle pour arrêter dès la fin de la première année. Mes notes en mécanique étant les meilleures, je décide de rebondir et je poursuis des études de mécanique à l’Université de Rennes 1, tout en gardant en tête l’INSA. Sorti major de promotion en licence 2, je réintègre l’INSA en admission directe en troisième année, mais à Lyon cette fois, une belle revanche ! Je me découvre vite une préférence pour la mécanique des fluides et sur mon temps personnel, je m’intéresse beaucoup à la biologie et à la nature. Je pars un an en Suède lors de ma 4ème année, durant laquelle je choisis de m’orienter vers la mécanique des fluides et où je découvre le biomimétisme, une approche beaucoup plus à la mode là-bas que chez nous. J’ai également la chance de trouver mon stage de fin d’études en Suède, dans une start-up spécialisée dans les innovations dans l’éolien. C’était une expérience fabuleuse au cours de laquelle j’ai confirmé mon intérêt pour les énergies renouvelables. Une fois diplômé, en recherche d’emploi, je continue de m’enrichir sur la bio-inspiration et c’est lors d’une conférence que je rencontre mon associé actuel. Il portait le projet de ce fablab et me propose de le suivre. On en a discuté et je lui ai dit banco ! Je me suis tout de suite reconnu dans cette entreprise.
Que vous a apporté votre parcours à l’INSA ?
Une certaine ouverture d’esprit par rapport au champ des possibles. J’ai eu la liberté de choisir vers quoi m’orienter tout en poursuivant un cursus général. Quand je vois le nombre de profils différents sortants de l’école, je me dis que c’est une chance d’avoir ce choix-là. De plus, je savais que l’INSA accordait une place importante à l’international, qui était pour moi essentiel dans mon projet professionnel. J’ai passé trois belles années à l’INSA Lyon, avec la chance de vivre des expériences à l’international extraordinaires la moitié du temps, je ne demandais pas mieux.