Weilian Zhu

Les sciences mènent à tout, n’est-ce pas Weilian Zhu ? Originaire de région parisienne, ce diplômé 2012 de l’INSA Centre Val Loire - à l’époque où le campus de Blois portait encore le nom de l’ENI Val de Loire - a pris une trajectoire inattendue. Mais au regard de son profil, la destinée est bien plus que cohérente. Plutôt à l’aise dans les langues et en philosophie, Weilian choisit pourtant la filière scientifique pour l’obtention de son baccalauréat, en 2007. “Davantage par réalisme pour les études et les opportunités que cela offre”, admet aujourd'hui ce littéraire dans l’âme.

Énergies renouvelables

Après deux années de CPGE (classes préparatoires au grandes écoles) scientifique, il intègre l’INSA en 2009. Alors qu’il crée très tôt des affinités avec des camarades de classe avec lesquels il est encore en contact aujourd’hui, Weilian va particulièrement apprécier ses stages. Après un séjour de quatre mois en quatrième année du cursus ingénieur à l’Université Griffith, basée sur la Gold Coast en Australie - où il étudie la réaction mécanique des couvertures des routes selon la conception des matériaux utilisés -, il réalise sa dernière année d’études en Écosse pour l’obtention d’un double diplôme en énergies renouvelables à l’Université de Dundee.

“L’école offre beaucoup d’opportunités pour s’ouvrir au monde, observe Weilian. Non seulement on améliore nos connaissances scientifiques et techniques mais on apprend à être autonome, à travailler en équipe, tout en côtoyant le monde professionnel.” Son stage de fin d’études, c’est au sein de l’association Prioriterre, spécialisée sur des missions de conseils en énergies renouvelables et construction durable, que Weilian le réalise. Il y restera un an, avant de s’envoler pour la Tunisie dans le cadre d’un service civique. Sa mission ? “Développer un réseau d’acteurs locaux qui soient compétents sur les questions d’énergies renouvelables et de réduction de consommation énergétique afin de pouvoir conseiller le grand public.”

Première pige

De retour en France en 2016, Weilian va se pencher sur la question des déchets en travaillant pour l’agence Ecogestik à Paris. Trois années d’accompagnement de collectivités locales, bailleurs et autres entreprises pour mettre en œuvre des solutions d’amélioration de leur performance écologique. Trois années qui aboutiront à son désir de reconversion.

Quelques mois après une formation accélérée en journalisme du côté de la Street School de StreetPress, il réalise un stage de trois mois chez Koï, un média spécialisé sur les cultures et communautés asiatiques en France. Nous sommes alors au printemps 2020, au tout début de la crise sanitaire. Weilian garde un œil sur son pays natal, la Chine, où la question des déchets médicaux est évoquée. Avant de se rendre compte que ce n’est pas le cas en France. “Je commençais à récolter des témoignages intéressants à distance, puis en les recoupant j’ai abouti à un sujet que j’ai proposé au média Reporterre. Le lendemain de sa parution, le sujet a été repris en Une par la revue de presse de France Inter.” Pas mal pour un premier article !

Les forêts, ces îlots d’avenir

Depuis, Weilian s’accroche à son nouveau statut de journaliste indépendant. Spécialisé dans la transition écologique et ses effets sur nos vies (économique, industriel, culturel, sociétal), il travaille régulièrement en binôme avec un photographe pour avoir davantage de chance d’intéresser des magazines. Ensemble, ils se sont notamment rendus pour Géo au Brésil, à la rencontre des Ribeirinhos, un peuple traditionnel vivant sur les rives des cours d’eau irriguant l’Amazonie brésilienne. Leur mode de vie, dépendant et intégré à la nature, intéresse fortement les chercheurs. “Ils sont capables par exemple de distinguer quel type de bois et quelle écorce prélever pour soigner une diarrhée ou des douleurs musculaires, etc.”, raconte Weilian.

Très attaché à ces îlots d’avenir que représentent les forêts, Weilian en devient peu à peu un expert. En 2021, il est lauréat de la bourse Brouillon d'un rêve. Cette bourse doit lui permettre de développer un projet d’ouvrage illustré dédié à l’Irlande, un des pays les moins boisés d’Europe et qui prévoit de planter plus de 400 millions d’arbres d’ici à 2040.

En attendant que l’ouvrage soit publié, Weilian se sent “épanoui”, heureux de son choix qu’il juge “très enrichissant sur le plan humain et professionnel”. “Financièrement, c’est plus compliqué, mais j’ai fait ce choix en connaissance de cause”, avoue-t-il, tout en étant conscient de l’apport de son cursus ingénieur dans ses missions quotidiennes : “la capacité d'analyse de documents techniques, la rigueur scientifique, et bien sûr la spécialisation en énergies renouvelables aident à m'orienter dans la recherche d'informations, à prendre du recul sur des sujets, à plus facilement vulgariser des notions techniques pour le grand public. Mon objectif est d’obtenir de plus en plus de collaborations régulières avec des médias.”

Portrait publié en septembre 2023