Entrepreneuriat : "défendre un modèle d’innovation à impact"

Entretien avec Éric Anquetil, enseignant-chercheur, chargé de mission innovation & entrepreneuriat à l’INSA Rennes et Julien Olivier, délégué général de la Fondation INSA Centre Val de Loire.

Au sein du Groupe INSA, un groupe de travail dédié à l’Entrepreneuriat a été créé. Il réunit sept personnels INSA, dont vous deux. Comment est née la volonté de créer ce Groupe de Travail et de se fédérer au niveau du groupe sur ce sujet ?
Éric Anquetil : Nous avons tous constaté qu’entreprendre est une démarche relativement complexe à mettre en place. Cela oblige les étudiantes et étudiants à sortir de leur zone de confort. Ce n’est pas toujours une démarche naturelle. D’où la nécessité de les accompagner. On ne peut pas entreprendre et innover seul. Il fallait casser les silos. Chaque école travaillait localement sur cet aspect, mais avec la création de la Fondation du groupe INSA en 2019, il y a eu une prise de conscience sur la nécessité d’œuvrer ensemble. Une synergie est née.
Julien Olivier : Cela fait plusieurs années que nous travaillons ensemble sur ces sujets. Il y a eu des premières approches de mise en commun des bonnes pratiques de chaque établissement afin de les reproduire. Puis la crise sanitaire sur la période 2020-2022 a ralenti le processus. C’est véritablement à partir de décembre 2023 que ce groupe de travail s’est mis en action. Nous sommes très complémentaires puisque figurent aussi bien des enseignants que des personnels en charge de développer les partenariats et de piloter des projets en lien avec l’entrepreneuriat.

En quoi l'entrepreneuriat est devenu un sujet majeur au sein des écoles d’ingénieurs, et plus particulièrement dans les INSA ?
J.O. : La question de l’entrepreneuriat s’est toujours posée dans les INSA, où a toujours régné un esprit innovant et différenciant. En parallèle, l’État et les collectivités locales ont eu la volonté de renforcer l’entrepreneuriat dans les établissements d’enseignement supérieur en général et en particulier dans les écoles d’ingénieur, avec le réseau Pépite France. Les ingénieurs, par leur culture et leur technique, peuvent apporter de la création de valeur et de l’emploi sur les territoires.
E.A. : Il y a en effet eu une accélération manifeste ces dernières années, avec un changement d’état d’esprit dans les différentes instances. Nos écoles font face à plusieurs enjeux sociétaux, technologiques, environnementaux et notre volonté est que l’ingénieur occupe une place active dans ces transitions. Il ne doit pas seulement être un exécutant. C’est pourquoi, il faut ouvrir le spectre de nos formations en dotant nos étudiants de compétences qui leur permettent d’être plus créatif, de mieux appréhender la prise de risques, de saisir les opportunités, de faire face aux obstacles. L’entrepreneuriat répond parfaitement à cela.

Il faut ouvrir le spectre de nos formations en dotant nos étudiants de compétences qui leur permettent d’être plus créatif, de mieux appréhender la prise de risques, de saisir les opportunités, de faire face aux obstacles. L’entrepreneuriat répond parfaitement à cela.

Comment les INSA accompagnent-ils les futurs entrepreneurs ?
E.A. : Sur une formation en cinq ans, il faut absolument passer par une étape de vulgarisation avant de les amener progressivement vers quelque chose de plus spécialisé. Notre force, c’est que l’on peut accompagner tout type de projet innovant grâce à notre écosystème : nos plateformes technologiques et scientifiques, nos laboratoires de recherche pour prototyper, notre réseau d’experts et d’écoles partenaires en commerce, design, etc. Sans oublier l’écosystème de chaque INSA sur son territoire respectif. Ainsi, on fédère, on mutualise.
J.O. : Il y a d’abord de la sensibilisation via des rencontres et interventions d’entrepreneurs, d’alumni au sein des cursus. Ensuite, il y a la formation. Chaque école possède un module entrepreneuriat. La troisième étape, c'est l'accompagnement, avec des dispositifs d'incubation dans les INSA et / ou en partenariats avec des structures publiques et privées (pépinières, accélérateurs).

On parle d’entrepreneuriat à impact, d’innovations qui sont au service du bien commun… Quelles valeurs de l’entrepreneuriat défendent les INSA ?
J.O. : Depuis la période du Covid, on observe que nos étudiants sont beaucoup plus sensibles aux enjeux sociétaux. La Fondation du Groupe INSA est née dans ce contexte. Le fait que l’on se structure a renforcé cette dynamique. Aujourd’hui, créer des entreprises plus responsables, plus écologiques, au service des usagers et des citoyens est un sujet central.
E.A. : Les valeurs du modèle INSA ont toujours été liées à ces notions d’impact vertueux. La plupart de nos nombreuses associations étudiantes intègrent ces enjeux sociétaux. Naturellement, quand leurs projets professionnels s’affinent, ils et elles ont ce background, cette sensibilité en eux. Handicap, environnement, numérique… Tous les secteurs sont concernés par ces enjeux.

Le 19 mars, la première édition des Entrepreneuriales se tiendra à l’INSA Centre Val de Loire. Qu’attendez-vous de cette rencontre ? 
J.O. : L’idée est de mettre en valeur des jeunes entrepreneurs INSA. Il est important montrer la diversité des projets, des compétences et des idées, que ce soit dans le numérique, l’industrie, la santé.
E.A. : Si notre objectif est de faire en sorte que nos étudiants deviennent des acteurs des transitions sociétales, il faut que cette démarche infuse au sein de tout notre écosystème de formations. Ce type d’événement va sensibiliser en interne comme en externe sur le fait que non seulement c’est possible d’entreprendre pendant ou à la sortie de ses études mais aussi intra-prendre au sein d’entreprises existantes. Ce n’est pas un coup marketing. Notre but est aussi de capter à l’entrée dans nos INSA ces talents qui ont des vertus pour l’innovation et le leadership.

Article mis à jour le 2 mai 2025